André Brugiroux, rencontre avec un voyageur d’exception

Le week-end dernier, avec mon blog de voyages,  j’ai eu l’occasion de participer au salon du tourisme de Lille sur le stand « blogueur / tour du monde ». Ce fut l’occasion de découvrir un voyageur d’exception, André Brugiroux.

Au cours de ces 3 jours de salon sur le même stand qu’André Brugiroux, j’ai fait la connaissance d’un voyageur hors norme et ce fût surement la plus belle rencontre de ces trois jours dédiés au voyage.

Pour ceux qui ne connaissent pas encore André Brugiroux, je vais rapidement vous présenter ce monument du voyage en évoquant son tour du monde, ses voyages mais aussi sa philosophie du voyage.

 

 Un premier tour du monde en stop et sans dormir à l’hôtel

Né en 1937, André Brugiroux quitte la France en 1955 pour un tour du monde de 18 ans. Il ne reviendra pas en France avant 1973! Initialement, il n’avait pas en tête l’idée de partir aussi longtemps. Il commença par plusieurs années dans différents pays d’Europe afin d’apprendre plusieurs langues (anglais, allemand, italien, espagnol). Après cet apprentissage des langues, il s’orienta vers le Canada où il fût traducteur. Fort d’une petite épargne, il commença à découvrir quelques pays en stop et sans dormir à l’hôtel. Il se rendit alors compte que son épargne lui permettrait de voyager plusieurs années avec ce mode de voyage. C’est le vrai début de son tour du monde!

Lors de ce tour du monde, première phase de ses voyages, il parcourut 400 000 kilomètres  en stop dans 135 pays, sans jamais dormir à l’hôtel, et avec un seul dollar par jour! Il fera alors du bateau stop, cargo stop, avion stop ou encore voilier stop! Ses seules dépenses furent pour ses repas et visas.

Ci-dessous, l’itinéraire suivi par André Brugiroux au cours de ce tour du monde de 18 ans en stop!

Premier tour du monde d'André Brugiroux

Au cours de ces 18 années sur la route, André Brugiroux aura vécu de nombreuses expériences:

– 7 incarcérations (courtes) à tort
– plusieurs vols et braquages
– et bien évidemment des rencontres et découvertes par centaines

 

Un tour du monde qui passe par tous les pays!

Après ce périple de 18 ans, André retourna en France à l’âge de 36 ans. Un nouvel objectif se dessine alors: découvrir tous les pays du monde, soit environ 250 pays!

Il entame alors un second tour du monde. Tour du monde différent cette fois-ci étant donné qu’il part chaque année pour 6 à 8 mois à l’étranger. Sur place, sa logique reste néanmoins toujours la même: du stop et pas d’hôtel!

Carte des pays visités par André Brugiroux

Aujourd’hui, il a visité tous les pays du monde, sans exception. Oui, sans exception, sans aucune exception. André Brugiroux a visité des pays comme l’Irak ou l’Afghanistan bien avant les guerres, il a visité la Corée du Nord, l’Iran mais aussi l’Arabie Saoudite ou encore le Sud Soudan (suite à la création de cet état) et le Mustang!

André Brugiroux et ses anecdotes

Avec une telle expérience du voyage, on se doute qu’il regorge d’anecdotes sur ses voyages. En y rajoutant son sens de l’humour, on pourrait écouter le personnage pendant des heures!

Quelques exemples d’anecdotes ou réponses d’André Brugiroux:

  • la meilleure définition du français? Celle des québécois: « raleux, critiqueux et snobinards! »
  • le stop est-il aussi facile qu’avant? Réponse: « aussi difficile qu’avant! »
  • sa vision de la France: « la France a développé l’art de vivre mais a oublié comment vivre »
  • les américains et la politique extérieure américaine: « dès qu’ils vont quelque part on est sur de la pagaille! »
  • à propos de l’Europe, entre autre, en provoquant: « le monde de nantis, industrialisé et je n’ai pas dit civilisé hein »

 

Tour des hommes et non tour du monde!

Lorsque l’on parle de tour du monde, André indique qu’il n’a pas fait un tour du monde mais un tour des hommes! Cela reflète bien sa vision du voyage et du monde.

Bien évidemment, il a visité les principaux monuments du monde ou sites naturels d’intérêts. Mais il a aussi rencontré des hommes, des femmes et de nombreuses cultures différentes.

André Brugiroux

Au delà de ce qu’il a vu, André Brugiroux concentre son intérêt sur les rencontres, les civilisations, les cultures et les différences pour en tirer de nombreux enseignements. Une vision humaine du voyage et loin de la consommation « photo » qui se répand de plus en plus dans le monde du voyage.

 

Un regard juste et critique sur le voyage

Au fil de ses voyages, André Brugiroux a vu l’évolution du monde, la mondialisation mais aussi la démocratisation du voyage.

Lors de son « premier » tour du monde de 18 ans, il avait eu la possibilité de parcourir les différents continents uniquement en stop (y compris bateau stop, avion stop ou voilier stop). Il raconte par exemple qu’en Alaska, il attendait dans des petits aéroports jusqu’à trouver un pilote qui accepte de l’embarquer gracieusement dans des petits avions privés. Il raconte également que dans les années 60 et début des années 70, il était possible d’embarquer dans un avion cargo ou dans un navire de transport de marchandises.

Première évolution, lors de la seconde partie de ses voyages, c’était beaucoup plus difficile de trouver ces transports « gratuits » pour des questions d’assurances ou de refus du « risque » par le pilote.

André Brugiroux

Mais c’est aussi l’arrivée des charters et plus globalement la démocratisation du voyage qui selon lui a fortement modifié la vision du voyage et du voyageur. Il résume rapidement cela en disant qu’avant le voyageur était l’étranger que l’on voulait héberger et découvrir et maintenant il est devenu un compte en banque à vider. Bien évidemment, il est toujours possible de voyager hors des sentiers battus et de s’éloigner de ces clichés à touristes mais il est vrai que beaucoup d’endroits sont contaminés par cette vision du voyageur et réciproquement cette vision du voyage au rabais.

Le dernier point important qu’il souligne concerne l’organisation de son voyage. Avant il y avait peu d’information, pas de guide de voyage (comme il le dit, le père Routard n’était pas encore né!). Les émissions TV, les guides de voyage ou simplement les blogs et retours d’expérience apportent beaucoup d’aide pour préparer son voyage. Cela enlève peut-être un pan de découverte mais permet de ne pas passer à côté de certains sites. Il raconte par exemple qu’il a longé le fleuve Okavango sans savoir que c’était le seul fleuve au monde à ne pas se jeter dans le mer, il se termine en effet par un delta dans le désert!

Certains le trouveront imbus de sa personne, d’autres n’accepterons pas la critique car ils se considèrent comme des routards qui partent eux aussi à l’aventure. Mais peut-on réellement comparer son aventure à l’aventure d’un routard de 2015? Pas vraiment non.

 

Une vision plus humaine du monde

André Brugiroux tire de ses voyages de très nombreux enseignements sur la vision de l’homme et la vision du monde. Des voyages utiles pour mieux comprendre le monde, la politique, les médias et tout simplement les relations humaines.

Si l’on discute politique et sociologie avec André Brugiroux, on s’aperçoit vite qu’il est loin des clichés de la masse sur la géopolitique, sur les voyages mais aussi sur la politique tout simplement. C’est donc très intéressant de discuter avec lui et cela montre bien que la culture, la connaissance et les voyages permettent d’ouvrir l’esprit et de sortir de la mentalité pré-formatée par la télévision. Il le résume d’ailleurs parfaitement en disant que tous les problèmes sont issus de l’ignorance.

 

Discuter pendant ces 3 jours avec André Brugiroux fût la rencontre marquante de ce salon. J’ai désormais hâte de lire ses livres!
Si vous avez l’occasion de croiser André Brugiroux sur un salon du livre ou autre, n’hésitez pas à échanger avec lui sur tous ces sujets, c’est vraiment enrichissant. Un monument du voyage ;-)

Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter la page web d’André Brugiroux.

11 réflexions au sujet de “André Brugiroux, rencontre avec un voyageur d’exception”

  1. Wow t’as rencontré un extraterrestre! C’est tout simplement surréaliste ce qu’il a fait. J’adore sa façon d’aborder ses voyages : tour des hommes plutôt que du monde! J’espère le croiser un jour dans un salon comme tu dis, c’est un monument. Merci pour l’article ;-)

  2. Et bien merci pour cette belle découverte car je ne connaissais pas du tout ce monsieur!
    Découvrir tous les pays du monde et en plus avec ce mode de voyage, il doit avoir des dizaines et des centaines de souvenirs merveilleux et de rencontres magnifiques.
    Concernant l’évolution du voyage, en effet, entre les années 2000 et les années 60, les différences sont énormes!
    Je vais me pencher sur ses ouvrages car ils doivent être très intéressants.

  3. Je l’ai rencontré également il y a quelques mois, un peu près dans les mêmes circonstances que toi Aurélien, j’étais à un stand de blogueur et André Brugiroux tenait sont stand juste à côté.
    Je connaissais un peu le personnage, car j’avais lu son livre « culte » il y a une douzaine d’années, un peu par hasard, je rentrais de mon long voyage, donc le titre du livre m’avait plu :-)
    Son aventure force à juste titre le respect, et je ne peux qu’être d’accord avec lui quand il dit que voyager aujourd’hui, c’est très facile. C’est souvent ce que je dis souvent, tout ce que j’ai fait en voyage est d’une facilité déconcertante à faire. Il faut juste s’adapter à un certain inconfort et à l’inattendu, même quand on ne le veut pas ! J’avais d’ailleurs inauguré mon blog avec un billet qui parlait de ça.
    Donc le côté peut-être un peu prétentieux que ressentent certains ne m’a pas gêné le moins du monde. Si j’ose dire, lui a le droit de l’être un peu, prétentieux !
    Par contre, je m’attendais un peu à me retrouver face à une sorte de « grand sage » (surtout avec son discours sur la paix dans le monde), et ça n’est pas vraiment ce que j’ai ressenti en sa présence. Je n’irais pas jusqu’à dire que ça m’a déçu, non, mais certains de ses jugements m’ont un peu surpris. Mais quelque part, on se crée peut-être un peu trop facilement des mythes face à ce genre de personnage.
    J’adore en tout cas sa phrase « certains prennent une année sabbatique, moi j’ai pris une vie sabbatique ».

  4. Salut Laurent,
    En effet, sa phrase « vie sabbatique » résume parfaitement sa vie!
    Concernant sa vision du monde, quels sont ses jugements qui t’ont surpris?
    Aurélien

  5. Bah il a sorti plusieurs fois des jugements assez généraux et plutôt réducteurs du genre les Anglais ils sont comme si, les Américains comme ça, justement le genre de truc qui agace généralement les gens qui ont voyagé et savent que le monde est bien plus complexe que ça. Évidemment, il y avait un côté ironique dans ça qui ne m’a pas échappé, mais ça m’a tout de même un peu surpris.

  6. Oui, il aime bien les différents préjugés qui globalisent un pays ou une culture. Comme tu le dis, j’ai ressenti pas mal d’ironie et c’est, pour moi, plus une blague qu’un jugement sérieux.
    Concernant sa vision du monde et la géopolitique, je l’ai trouvé très juste notamment sur l’impact désastreux de la politique extérieure française sur de nombreux pays d’Afrique. Un sujet tabou en France …

  7. Un vrai voyageur!
    En tout cas, je te remercie pour ce billet car tu m’as fait découvrir quelqu’un que je ne connaissais absolument pas!
    J’ai écouté une courte interview qu’il avait donné à la TV (merci Youtube!), ça me donne envie de lire un de ses bouquins…

  8. Whoua ! Tous les pays du monde ? C’est la première fois que j’entends ça ! (et j’ai appris qu’il y avait un royaume qui s’appelait Mustang :D )
    Je suis très admirative, ça doit être génial de passer du temps à discuter avec ce monsieur ! Je vais vite chercher ses livres !

  9. En effet que ce doit être passionnant d’avoir une conversation avec cet homme, qui doit forcément avoir atteint une certaine forme de sagesse… Quelle vie, quelle destinée !
    Je m’en vais de ce pas acheter un de ses livres !

  10. Je ne connaissais pas ce monsieur, et maintenant je rêve de le rencontrer !!
    Il a une vie tellement différente, et tellement riche (même si Jacques Ségéla n’employerait pas ce mot là!)!
    Merci pour cette découverte.

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