Que penser de la corrida?

J’ai découvert la corrida tout récemment lors de mon voyage à Saragosse. A l’occasion du Día de San Jorge (Jorge étant le patron de l’Aragon, région de Saragosse), plusieurs corridas étaient organisées sur la semaine.

Pour ou contre la corrida? Faut-il interdire la corrida? Le sujet fait débat et entraîne bien souvent de très vives réactions.

Après quelques éléments historiques sur la corrida et sa place dans certains pays, je vais vous décrire le déroulement d’une corrida.

Enfin, je terminerai ce billet sur mon avis personnel sur la corrida.

 

La corrida, une véritable tradition

Que l’on soit pour ou contre la corrida, difficile de nier la place importante de la corrida dans certaines régions de l’Espagne mais également ailleurs (sud de la France, Portugal ou encore en Amérique latine).

Dans de nombreuses régions d’Espagne, des corridas sont organisées régulièrement et en particulier lors des ferias. Sur le territoire espagnol, on peut trouver plusieurs dizaines d’arènes pour les corridas. Chaque ville digne de ce nom doit avoir son arène!

Début de corrida à Saragosse

Ancrée dans la culture et les traditions, les arènes sont fréquentées par de nombreuses personnes quelque soit leur âge!

Déroulement d’une corrida

Après avoir assisté à une première corrida, on se rend compte que l’on comprend très rapidement le déroulement de la corrida.

Néanmoins, quelques explications peuvent être utiles car le jargon de la corrida emploie de nombreux termes totalement inconnus pour les novices, en dehors peut-être du célèbre matador.

Taureau dans l'arène

Bien avant la corrida en elle-même, souvent en fin de matinée a lieu un tirage au sort appelé sorteo permettant d’attribuer les différents taureaux aux matadors.

Tout d’abord, il faut savoir qu’en général une corrida est composée de 6 combats soit 6 mises à mort. Chacun de ces combats est appelé lidia.

Avant le premier combat se déroule le paseo, un défilé rapide de tous les participants dans l’arène.

C’est après le paseo que commence la lidia. Chaque combat se découpe en 3 grandes parties appelées tercios:

  • premier tercio (tercio de piques): le matador et ses peones (au nombre de 3, ce sont des toreros qui assistent le matador) effectuent des passes pour évaluer la force et la réactivité du taureau, tout en restant très prudent et parfois distant car le taureau est très réactif et en pleine forme. Après plusieurs minutes, c’est l’entrée dans l’arène du picador (au nombre de 2). Sur son cheval (bien protégé), le picador enfonce son pique à 2 reprises au niveau du haut du dos du taureau. Cette première blessure refroidit déjà les ardeurs du taureau

corrida

  • second tercio (tercio de banderilles): après les 2 piques du picador, ceux-ci sortent de l’arène. C’est alors la seconde phase qui débute. Les peones enfoncent successivement 3 banderilles terminées par un harpon, toujours plus au moins dans la même zone sur le dos du taureau, à la jonction entre le dos et le cou. Le taureau est alors fortement blessé et beaucoup moins agité.

Corrida à Saragosse en Espagne

  • troisième tercio (tercio de muleta ou faena): dernier des 3 tercios, il correspond surement à l’image que beaucoup ont en tête lorsque l’on évoque la corrida: le matador effectue plusieurs passes avec son leurre en tissu rouge appelé muleta. A l’agonie, le taureau est beaucoup moins réactif. Ce troisième et dernier tercio se termine par l’estocade, un coup d’épée fatal pour le taureau, planté au niveau de la colonne vertébrale. Une fois à terre, un des peones plante un poignard dans la cervelle du taureau. Le cadavre du taureau est ensuite attaché à des chevaux qui tirent le cadavre hors de l’arène.

Mon avis sur la corrida

J’ai vraiment découvert la corrida que tout récemment et je ne m’étais pas forcément renseigné sur le sujet avant. J’ai donc découvert le monde de la corrida, directement dans l’arène.

Bien que la corrida représente une vraie composante du patrimoine espagnole ou même français pour certaines régions, je trouve que c’est plutôt barbare.

Corrida à Saragosse

La souffrance de l’animal est flagrante et dure de longues minutes. Une chose est sûre, je n’assisterai plus à une corrida. J’ai d’ailleurs quitter l’arène avant la fin de la corrida à Saragosse.

Entendre le public acclamer le matador lorsque le taureau s’effondre, ce n’est pas du tout ma tasse de thé. L’ambiance est proche de celle d’un match de football ou d’une rencontre sportive, sauf qu’ici on fait souffrir un animal … Chaque coup porté au taureau est accueilli par les applaudissements et les cris des spectateurs présents dans l’arène.
Lors de la seconde mise à mort, le taureau a renversé le matador et a réussi à passer au dessus du mur de l’arène. J’étais tellement choqué par ces scènes de torture que j’aurais bien aimé que le taureau se venge un peu plus … ;-)

Dommage ...
Dommage …

Concernant la question de l’interdiction de la corrida, le débat est très souvent enflammé entre pro-corrida et anti-corrida.

Le débat porte sur l’interdiction mais aussi sur le fait que l’animal souffre ou non (il faut tout de même être de sacré mauvaise foi pour dire que le taureau ne souffre pas …), sur le côté artistique / culturel, …

La corrida, un combat ?

Je pense qu’une corrida ne peut pas être définie par le terme combat mais plutôt par mise à mort.

Par définition, lors d’un combat, on ne ne connait pas forcément l’issue de ce dernier. Hors ici, on est certain d’une chose, le taureau finit par être tué, robuste ou non, brave ou non.

De plus, le matador, ses 3 peones et les 2 picadors pour un taureau, c’est plutôt un combat déséquilibré…

Néanmoins, avant de s’indigner et de demander l’interdiction de la corrida, il faut un minimum de cohérence. Hélas, actuellement, la société de consommation ne laisse pas beaucoup de place au bien-être de l’animal. Beaucoup s’indignent de la corrida mais sont-ils irréprochables sur les divers sujets qui concernent la souffrance de l’animal?

Quoiqu’il arrive, pour ma part, je n’assisterai plus à une corrida.

11 réflexions au sujet de “Que penser de la corrida?”

  1. C’est intéressant d’avoir le point de vue de quelqu’un qui a vraiment pu voir la scène. Merci pour ton témoignage, ça fait réfléchir…

  2. Je trouve pour ma part que la corrida est une pratique barbare, qui ne devrait plus avoir lieu. Comme tu le dis, c’est une mise à mort, pas du tout un combat… Cette mise à mort est source de grande souffrance pour l’animal, et je me demande bien quel plaisir peuvent tirer les gens de ce spectacle.

  3. C’est intéressant de détailler le fonctionnement d’une corrida car tout le monde a, à peu près, un avis sur la question mais on ne sait pas forcément comment se déroule vraiment une corrida.

    Ne pourrait-on pas organiser des corridas sans tuer/blesser le taureau?

  4. Bonjour Fabienne,

    Je ne suis pas du tout un expert sur le sujet mais je pense que la phase la plus appréciée des spectateurs est la fin de la corrida car le taureau, blessé et au bord de l’agonie, est alors moins réactif et le matador peut réaliser ses passes.

    Sans blesser le taureau, soit l’équivalent du début de la corrida, le taureau est très rapide et très réactif et le matador a plus tendance à fuir … Et puis ne nous voilons pas la face, certains spectateurs sont là pour voir du sang je pense …

    Aurélien

  5. Pour ma part, je ne cautionne absolument pas les corridas et je n’ai d’ailleurs jamais assisté à une corrida pour être franc.
    L’idée de combattre à mort un taureau me suffit pour avoir mon jugement sur ces pratiques.

    Néanmoins, je suis d’accord avec toi, il faut rester cohérent et arrêter l’hypocrisie. La corrida déchaîne les foules pourtant ce n’est surement pas le principal problème de la cause animale …

    C’est tellement simple de « cracher » sur quelque chose qui ne nous concerne pas plutôt que de s’attaquer à choses qui nous concernent et qui pourraient nous priver .

  6. Sujet hautement sensible! Je partage très largement des positions mais je crains que les fan de corrida ne soient pas du tout d’accord avec toi. L’issue de l’affrontement n’est pas si certaine que ça, des matadors célèbres se sont déjà fait embroché ;-)

  7. Ah la corrida. Un long débat ;-)
    Bien qu’originaire du sud ouest de la France (où la corrida est tout de même bien implantée), j’y suis opposé et plutôt favorable à l’interdiction.
    Bien que réelle tradition dans certaines région de France et un peu partout en Espagne, la corrida reste trash et à une époque où la souffrance de l’animal est un sujet d’actualité, il est difficile de défendre la corrida.

    Concernant une corrida revisitée sans mise à mort, je n’y crois pas. C’est dur à dire mais les aficionados de la corrida sont en partie là pour la mise à mort … Et il faut avouer que sans mise à mort, le spectacle serait totalement différent.

    Bref, un débat toujours d’actualité et qui devrait encore le rester un bail je pense!

  8. Quand je faisais mon stage dans le sud de la France, on m’a proposé des tickets pour aller voir une corrida sur Arles. J’ai décliné, pour moi c’est de la barbarie de s’acharner comme cela sur un animal qui n’a aucune chance de s’en sortir (quoi qu’on dise c’est rare que le taureau gagne…)
    Je sais bien que dans notre société nous faisons déjà bien trop souvent souffrir les animaux pour satisfaire nos envies alimentaires, pas la peine d’en rajouter dans le spectacle !

  9. J’ai assisté une seule fois à une corrida en Espagne et je n’y retournerai pas.
    C’est vraiment hard et, pour ma part, je trouve cela sans aucun intérêt …

    Et dire que dans certains coins d’Espagne, on y va en famille avec de jeunes enfants … Question de culture…

  10. La corrida est quelque chose que je n’apprécie guère.
    Maintenant, lorsque l’on baigne dans cette culture depuis le plus jeune âge, difficile d’avoir le même regard.

    Quoiqu’il en soit, il faudrait que ces pratiques soient interdites … Culture ou pas, ce n’est pas parce que l’on a été barbare dans le passé qu’il faut continuer à l’être aujourd’hui avec le prétexte des traditions …

  11. Je suis un fan absolu de l’Espagne et de leur culture.
    Pourtant, je suis un opposant formel et radical vis à vis de la corrida.
    On ne peut plus accepter, sous pretexte de tradition, de tuer, mettre à mort et une vie. Car c’est ça le problème, on condamne la vie pour amuser, sans aucune possibilité de s’en sortir. Ce n’est pas une simulation de la nature. Il faut stopper cette violence et cette vision offerte à un public assoiffé de sang.

    En Catalogne (souvent en avance sur les autres régions d’Espagne), la corrida est interdite. Tant mieux ! Le combat doit continuer, surtout quand on voit que des municipalités françaises finances des écoles taurines (Occitanie…) Il est temps d’évoluer

Laisser un commentaire